Errata pour Penser Librement

Errata pour Penser Librement.

 

Aux lecteurs de Penser Librement,

 

Dans le chapitre 5, sous-titre La récupération de Sartre, j'ai commis une imprécision dans l'exposé et le langage qui défigure l'argumentation de Sartre.

J'ai écrit, à propos de L'Être et le Néant :

le néant n’est pas, il se néantise

Si on entend par néant le néant sécrété par la conscience et indissociable d'elle, c'est exact. Mais si on l'entend au sens où les philosophes discutent du Néant, et Sartre en discute en ce sens, l'expression il se néantise n'exprime pas fidèlement la pensée de Sartre. Sartre écrit explicitement :

Le néant n'est pas. Le néant ne se néantise pas.

Et conclut :

Le néant est été. Il est néantisé.

Voici, fidèlement, son argumentation :

       Poser une question implique d'accepter d'avance deux réponses : oui et non. Le non implique l'intuition du néant. D'où vient le néant ?

       Il ne peut pas venir de l'être. L'être étant ce qu'il est, ne peut pas produire le néant. Le néant ne peut même pas se néantiser (bien que le verbe en question existe dans la langue française) parce que, avant de pouvoir se néantiser, il faut d'abord être. Le néant ne peut pas exister avant ou indépendamment de l'être car il est toujours néant de quelque chose.

       Il faut donc qu'il existe un être particulier par qui le néant vient au monde. Pour qu'il puisse réaliser cela, il faut que cet être soit son propre néant.

       De fait, cet être existe, c'est la conscience de l'homme. La conscience est d'une part conscience de quelque chose. Par conséquent, elle n'est pas cette chose, elle est néant de cette chose. Mais la conscience est aussi conscience (de) soi. Par conséquent, elle n'est pas soi, elle est néant de soi. La conscience est un être qui a à être lui-même sur le mode du n'être pas. À ce titre, elle se néantise.

Dans mon exposé, formellement, je n'ai pas été aussi explicite. Je m'en excuse.

Par contre, la différence entre ces deux formes de négation, ne pas être cette chose et ne pas être soi, chez Sartre, est exprimée et analysée fidèlement. Bien que j'en donne un fondement tout à fait différent dans le chapitre 6.

Par ailleurs, Sartre a renversé la phrase de Spinoza en écrivant  : toute détermination est négation.

Cordialement,                                                                                                                           

2003-11-28