Deux poètes vietnamiens d'aujourd'hui
présentés et traduits par Phan Huy Duong
Poésie 97
Pierre Seghers
Comme dans maintes civilisations antiques, la poésie est la forme dominante de la littérature vietnamienne. Elle l'est restée à ce jour. Il y a sans doute une raison. Risquons une hypothèse. Le Vietnam est une terre de vieille civilisation. Dans le delta du fleuve Rouge, nos ancêtres, qui n'étaient pas gaulois, ont bâti une brillante civilisation du bronze. Cette civilisation souffrait d'un handicap : elle n'a pas su se créer une écriture. Dix siècles de colonisation chinoise ont laissé une empreinte indélébile dans la culture vietnamienne. Néanmoins, les Vietnamiens ont su conserver leurs traditions, leur langue, une littérature propre. Cette littérature a sans doute perduré grâce à la transmission orale des oeuvres, notamment à travers la poésie populaire. Plus tard, bien que le chinois soit la langue officielle de la cour et celle des lettrés, les meilleurs auteurs vietnamiens ont créé maints chefs d'oeuvre de la littérature classique du Vietnam en langue nationale, utilisant l'écriture démotique. Dans les années 30 et 40, sous l'influence de la culture française et utilisant l'écriture romanisée, les plus grands poètes vietnamiens ont créé la nouvelle poésie libérée des canons du classicisme chinois. La guerre, puis l'instauration du régime socialiste sur tout le pays en 1975, a considérablement bridé cet essor. Depuis 1986, grâce à une incertaine tolérance, les poètes peuvent de nouveau plus ou moins librement s'exprimer.
Nous présentons ci-après, deux poètes vietnamiens. Nguyên Duy vit au Vietnam, il est considéré comme le meilleur poète actuel. Lê Bi fait partie de la diaspora vietnamienne, il a émigré aux États-Unis.
P.H.D.