Jeux Olympiques et identité nationale.
Comme des millions d’autres, j’ai passé des heures à regarder les Jeux de 2012. Comme eux, j’ai admiré la cérémonie d’ouverture, un mélange de sobriété et d’ingéniosité, de créativité et de tradition, bref, un résumé et de l’histoire et de la grandeur de la nation hôte.
Et puis, au long du déroulement des épreuves, j’ai été frappé par la ferveur et l’enthousiasme des spectateurs, ce que personnellement je n’ai jamais très bien compris. Un match de football de l’équipe nationale en demi ou même quart de finale peut vider la moitié de la ville et remplir les bars avec une télévision. Et de voir les gens pleurer de joie ou de tristesse devant un score favorable ou défavorable à « leur » équipe est un spectacle parfois émouvant mais toujours étonnant. Ceci est d’autant plus étonnant que ces spectateurs si touchés par les performances de leurs représentants ne sont pour la plupart, des non pratiquants (ou alors des génies car ils savent ce que signifie la différence de deux centième de secondes à la nage papillon). Et je ne parle pas que du football, cette religion de notre temps. (Je ne puis m’empêcher de raconter cette anecdote : en 2004, le Brésil a envoyé une force de milliers de casques bleus en Haiti. Au cours de la discussion sur les formes de séduction vis-à-vis d’une population méfiante de tout ce qui peut apparaitre comme forces d’occupation, quelqu’un a suggéré que le Brésil envoie aussi son équipe de football. L’idée a été acceptée et la popularité du Brésil a atteint des sommets inégalés. La paix oui, mais le foot, c’est mieux). Gymnastique, cyclisme, natation, tae kwan do ou volley ball de plage, chaque victoire déclenche des flots d’émotions et de ferveur chez des personnes qui n’ont jamais mis les pieds sur un tatami ou sur une piste. A quoi s’identifient-elles ? A l’exploit sportif ? A l’hymne national qui salue les médaillés ? (alors que certains d’entre eux ne peuvent le chanter qu’avec d’un anti-sèche.) Aux couleurs nationales qu’on voit sur les habits des sportifs et que l’on hisse lors de la cérémonie ? Je suis convaincu que les médailles (d’or plus que d’argent ou de bronze, mais peu importe le métal dans le cas présent) font que les compatriotes des athlètes se sentent plus patriotes que jamais. Il suffit qu’un Andy Murray, écossais de naissance, enroule sur ses épaules l’Union Jack pour que vibre la fibre britannique dans de millions d’esprit. Le nationalisme c’est aussi ça : se sentir meilleur (je ne veux pas dire supérieur, mais la frontière est souvent ténue) que les autres.
Je rêve du jour où pour un prix de Nobel de physique, de chimie ou de littérature, pour une médaille Field de maths, des torrents de manifestants se déversent dans la rue pour chanter les louanges du savoir (surtout parce que ces prix sont souvent décernés à des équipes de plus en plus globalisées).
Ne faites pas trop attention. C’est encore un rêve d’intellectuel en chaise longue.
NHD
7 /8/2012