PAYSAGES D'EAU ET DE VERDURE


Allongé dans la chambre, je vois quatre carreaux de vitre rectangulaires. On dirait des pein­tures anciennes de paysages d'eau et de verdure. Le vent balaie une brume va­gabonde à tra­vers mes quatre paysages. Toutes les feuilles des arbres sont tombées. Une chaîne de mon­tagnes évanes­centes s'étire à travers les trois premiers tableaux. Sur le quatrième s'élèvent des cathédrales gothiques. J'ai pensé: "Les feuilles tombent, mais résistent au vent, s'accro­chent au pied des arbres pour y pourrir, pour les nourrir, pour at­tendre leur résurrection au printemps".

Une ombre glisse sur le premier tableau, entre dans ma chambre. L'infirmière enfonce le thermomètre sous ma chemise. Sa main est tiède, lourde. Chaque fois qu'elle tou­che mon corps, ma température bondit, et mon coeur exté­nué se gonfle, ou se rétracte brusquement. Un petit poisson palpitant, angoissé, dans sa main. Il y a trois ans, pour la première fois, j'ai senti le poids métallique, glacé de la ma­chine sur ma poitrine. Mon coeur a bondi comme un petit oiseau entre des griffes d'acier. Le rapport médical confir­mait néanmoins ma bonne santé. Mutilé, mais pas mort. J'ai au moins en main la preuve de mon existence.

Le ciel s'éclaire d'une lumière verdâtre. La brume s'est diluée. Sur le second tableau sur­gissent, par instants, de minuscules nuages blancs. On dirait une nappe de fleurs de lentilles des marais. Maman disait, en ce temps-là, qu'elle m'avait enfanté à l'heure du Cochon. Mais ma tante (l'aînée de ma mère) affirmait: "Non, c'était déjà l'heure de la Souris". Ma tante avait raison. Elle m'avait accueilli dans ses bras quand je vins au monde. Ma mère s'était évanouie au bord de la mare. Elle récoltait les lentilles d'eau. Je peux m'imaginer l'eau glacée de Novembre. Une douleur sou­daine, brutale, l'assaillit. Elle nagea précipi­tamment vers la rive. Le froid coagulait les cris dans sa gorge. Elle eût pu regagner la rive par le pont. Mais elle nagea vers les buis­sons de bambou. La terre était labourée de crevas­ses. Les épines des bambous déchiraient ses mains. Non, elle ne cherchait pas à se sauver de la noyade. Elle m'avait tout simplement tiré du fond de l'eau pour me mettre au sec. Ma tante racontait: "On vous croyait morts quand on vous a re­trouvés. Si tu n'étais pas si vi­goureux, tu y serais passé. Il faisait une nuit d'encre. On ne savait dans quelle direction chercher. Quand on t'a retiré de là, tu étais recouvert de lentilles d'eau, alors je t'ai nommé Lentille". Maman tomba malade. Elle eut les jambes paralysées. Ma tante disait en­core: "Ton père ne savait pas qu'il avait un fils. Il n'avait couché avec ta mère qu'une seule fois, clandestinement, dans la petite hutte au bord de la mare. Puis il a quitté le village pour aller chercher pitance au Sud, il y a très long­temps". Donc, je suis né à l'heure de la Souris, un 2 Fé­vrier, le jour de la Souris, le mois de la Souris. C'est pour­quoi je suis chétif et craintif comme une souris. Où trouve­rais-je la force, le courage? Pour le village, je ne suis qu'un bâtard. Ma mère m'a nourri de bouillies de riz, d'abord très fluides, puis, peu à peu, plus épaisses. Elle rampait autour de notre lit, me recouvrait de chiffons qu'elle mendiait aux quatre coins du village. Nous avons survécu grâce à ma tante.

L'infirmière est revenue prendre le thermomètre. Son ombre glisse, inconsistante, sur le pr­emier tableau. Le soleil d'automne resplendit dans ses cheveux blonds. Des yeux bleus, limpides. La courbe des sourcils, l'arête du nez, le pli des lèvres semblent tendrement sculptés dans le marbre. Quelque chose dans sa démarche, vue de dos, me rappelle le dé­hanchement d'Agnès, cette Vénus qui abandonne sa con­que pour se glisser dans le lit des travailleurs immigrés viet­namiens. Tous les samedis matins, elle apporte à mon ami des cassettes pornos, de Kung Fu chinois. La première fois, j'ai voulu sortir pour leur laisser la chambre. Ils m'ont dit de continuer mon travail. Je duplique les cassettes pendant qu'ils les rejouent dans le lit. Agnès hurle comme une bête. Mon ami, ahuri, n'y comprend rien. Il ne connaît que quel­ques mots de la langue locale, assez pour compter, sa­luer, acquiescer. Je lui traduis: "J'ai faim! J'ai faim! Oh mon Dieu!..." Agnès mange, dort, se lave, sèche ses cheveux et ses poils, se promène dans la chambre, toujours nue. Je re­garde des volutes de fumée de cigarettes errer au plafond. Parfois Agnès s'arrête brusquement devant moi, saisit ma cigarette, la plante dans ses lèvres, prend mes mains, les plaque sur ses seins, caresse les tétons roses, les petites pointes durcies... Je sens dix griffes de fer labourer mon coeur pétrifié, je sens l'impétuosité infinie de la femme. Elle écarte brutalement mes lèvres, avale ma lan­gue. Son corps généreux, tendu, immenses chaînes de mon­tagnes, de colli­nes, de fo­rêts, de broussailles, a de quoi eni­vrer des mil­liards d'hommes, cette interminable proces­sion de fourmis qui rampent, patientes, inutiles, à la découverte de l'univers. J'aurais voulu être un homme d'acier, un puis­sant automate mû par une énergie éternelle. J'ai pleuré mon impuissance, mon humiliation. Accroché au bord des toilet­tes, j'ai vomi. Agnès a sangloté. Je n'étais qu'un traître.

Ils partagent le même espace, se suivent dans la suc­cession des carreaux d'une même fenê­tre, pourtant ils sem­blent disjoints, indépendants. A cause des reflets de verre, sans doute. Sur le troisième tableau la montagne est sau­vage, déserte, glacée. Un espace où j'ai tra­vaillé deux ans durant, dans une usine de banlieue. Plus jamais je ne mettrai le réveil avant de dormir. Quelle que soit la saison, nous quittions notre chambre le matin avant cinq heu­res. Je m'appuyais contre mon ami pour attendre le bus sous des avalanches de neige. Mon coeur palpitait, glacé, assoiffé de chaleur. Il me serrait dans ses bras. Dans l'ombre de la tempête de neige, un homme pouvait aussi réchauffer le corps d'un homme... Sans lui, j'étais impotent. Il m'avait aidé. Il n'avait jamais admis en son coeur la dangereuse réalité. Si je n'étais pas parti avec lui, combien d'années au­rais-je survécu auprès de ma mère han­dicapée?

Nous avions refermé les yeux de ma tante. Nous avions hérité de son petit étal de vôi1 et de bonbons au bord de la digue. J'avais dit à maman: "Cinq ans seulement, je reviendrai, je bâtirai une maison avec un toit en terrasse. Il n'y aura plus de fuite quand il pleut. J'achète­rai une chaise roulante pour t'emmener visiter la tombe de ma tante. Je se­rai sain et fort, je pourrai me marier (le voeu le plus cher de ma mère). Là-bas, en trois mois, je serai guéri. Là-bas, on vous donne un poulet tous les jours. Ici, nous n'en goûtons qu'au Têt2. Là-bas, ce sera le Têt tous les jours. Je vais voir ce qu'on peut encore vendre chez nous pour grais­ser la patte au médecin. Il me donnera l'attestation d'aptitude au tra­vail." Maman n'a rien dit. Le lendemain elle a prié mon ami de l'accompagner à l'hôpital du district. Elle en était reve­nue livide, avec deux boîtes de lait, un sachet de sucre, en plus du pot de bonbons habi­tuels pour son commerce. Mon ami m'avait tendu mon nouveau certificat de santé et de l'argent pour fêter l'événement. Une fois encore, maman s'était vidée de son sang... On s'était empiffré, on s'était soûlé, on m'avait félicité de mon courage, de ma piété. Quelques années de séparation, et ma mère serait fière de moi. J'avais trempé mes lèvres dans le vin, ému. Mon coeur battait convulsivement, à se briser.

L'avion rugissait, filait sur la piste, s'arrachait de l'at­traction terrestre. Il tanguait déjà dans l'air. L'accélération me plaquait sur le dossier du siège. Ma main chercha la sienne. Mes yeux se remplissaient de rouge. On eût dit une mer de sang. Les globules rouges éclataient de partout, sur­abondance digne d'un festin pour tout un village. L'avion s'élevait, s'élevait toujours.

Sans doute, autrefois dans l'Est européen, il y avait des arbres à Kurons, à Levas, à Rou­bles... Comment, au­trement, aurait-on pu si longtemps croire à leurs richesses? Aujour­d'hui ils sont plus rares, se terrent dans de minuscu­les portefeuilles et nous rendent visite parcimonieu­sement. Je dois bâtir une maison, un toit en terrasse, avec ces mor­ceaux de su­cre délétères. Il faut que je les trouve, quels que soient la peine et les dangers. De nouveau, il a été mon ap­pui. Deux fois, il a passé la visite médicale à ma place. Il a vendu tout ce que nous possédions. Il a acheté un caddy pliable. Il m'a payé pour transporter la bière, le coca-cola, l'alcool et les cigarettes. Il les revendait dans le foyer. Six mois après, il com­mercialisait des cassettes vidéo. Je m'appliquais à rédiger les annonces qu'il affichait devant la porte de notre chambre. Plus tard, il m'employait à sur­veiller la machine, dupliquer les cassettes, servir les ra­fraî­chissements aux clients.

Une tourterelle s'est posée sur le bord de la fenêtre entre le deuxième et le troisième ta­bleau. Est-ce toi, mon ami l'oiseau? Elle marche autour des carreaux comme pour chercher un passage vers moi. Elle a un collier de perles blanches au cou. Familière, elle vient me voir tous les di­manches matins, les seuls matins qui m'appartiennent. Agnès et mon ami dorment profondément. La paix des champs de bataille, après les combats, doit ressembler à celle-ci. Je regarde fixement au-delà de la fenêtre, je guette le soleil au-delà de la brume. La tourterelle se pose. Je sou­lève le rideau. J'émiette le pain pour elle. J'aspire à pleins poumons, jusqu'à satiété, l'air pur et glacé. Ne m'aban­donne pas, bel oiseau. Je n'ose au­cun geste brusque. La tourterelle reste avec moi, laboure ma main de ses griffes acérées, me laisse frotter ma joue contre son tendre duvet. Puis elle est partie. Je n'ai pas les moyens de la retenir. J'ai senti dans mon coeur se tordre dans le battement de ses ailes vers le ciel bleu... Il m'a semblé sombrer dans le délire. Quatre paysages déserts, silencieux, un vent sec, glacial. Je me sens étouffer. Le ciel se couvre de brume. Une mer de mercure gri­sâtre. Ma tourterelle est partie à tire d'aile. Elle rejoint une multitude d'oiseaux qui cou­vrent le ciel de leurs ailes noires. Ils volent vers le Sud, vers l'océan, fuyant la chape de brume qui annonce l'hiver. Trop tard, bel oiseau, il ne me sera pas donné de revenir, ne se­rait-ce que pour re­voir une dernière fois les vagues caresser de leur danse ma péninsule na­tale décharnée, pour connaître le douloureux bonheur de Gauguin découvrant le soleil des Iles. Il ne me sera pas donné de connaître encore la faim dans l'aéroport de Moscou, la pression hurlante de la foule de mes compa­triotes face à une haie de policiers, les sanglots des mini-vé­nus en plastique du fond de nos sacoches écrasées. Ne pleurez plus, petites soeurs aux cheveux blonds, nous vous ramènerons à la maison.

Près du quatrième tableau, à partir de la fin du troi­sième, la silhouette des montagnes s'af­faisse doucement. La digue de mon village. Je peux imaginer ses brins d'herbes, ses bou­quets de fleurs blanches piétinées. Je revois nette­ment des visages connus. Mais je n'ai pas retrouvé ce­lui de maman, ni dans mes souvenirs, ni dans mes rêves. La mé­moire, quand elle éclate et remplit les yeux de larmes, est comme de minces fils électriques soumis à une tension trop forte, trop brusque, qui déverse en une fraction de seconde des dizaines d'an­nées d'une vie. La décharge électrique m'a consumé. Je délire. J'ai vu les bras de ma mère, desséchés, couverts de veines bleues, sortir en tremblant des manches déchirées de sa che­mise. A tâton elle ouvre le couvercle en aluminium du pot de bonbons. Le pot est vide. Il grouille de fourmis noires. Un tour de garnement. En ce temps-là, j'ai remarqué que la po­pulation de notre village ne dépasse pas celle d'une fourmilière. J'ai vidé le pot. J'y ai mis de la boue, du son et des fourmis. Le lendemain la boue a séché. Le jour suivant, les fourmis ont creusé en long et en large leurs tranchées souterraines. Les fourmis forment une so­ciété laborieuse. Elles travaillent jour et nuit, organisent sys­tématiquement leurs vies, ne se chamaillent pas, ne s'entre­tuent pas. Quand elles se rencontrent, elles se saluent en se frottant les moustaches. Les fourmis noires recouvrent rapi­dement les veines sur la main de maman. Bientôt, il n'y a plus de main, de chair, d'os. Il n'y a plus qu'une coulée noire qui remue, une foule innombrable de crêtes qui char­rient un flot noir... Nous autres, ouvriers, nous avons aussi des uniformes de fourmis. Nous déambulons en file indienne sur le pavé de la ville, nous nous glissons un à un dans les autobus. Toujours, je suis la plus lente, la plus éga­rée des fourmis. L'hiver, j'ai vu apparaître d'autres uniformes, ceux des corbeaux. Ils sautent dans les branches nues, paradent cérémonieusement en bandes sur la neige dans leurs costu­mes en queue de pie. Si seulement j'avais leur assurance et un costume compa­rable, j'irais un soir dî­ner au Continental.

Je rêvais souvent. J'augmentais régulièrement les do­ses de somnifère, 1,2,3,4,5 cachets de Séduxen. Les nuits où Agnès restait à coucher, même cinq cachets de Séduxen ne suffi­saient pas. Je me bouchais les oreilles avec mon oreiller. Je me débattais, la douleur déchi­rait ma poi­trine. Je me voyais dans un film de Kung Fu, le corps en lambeaux baignant dans mon sang. Puis des dizaines de milliers d'Agnès nues me tiraient par les cheveux, me piéti­naient, chevauchaient brutalement mon corps, étranglaient mon cou, hurlaient, mor­daient... Péniblement je me levais dans le noir, la culotte toute mouillée.

Sur le quatrième tableau, des nuages voguent à travers ciel, découpés par les flèches gothi­ques. Dieu trône sans doute sur ces nuages, versant l'or sur les toits des cathédra­les. La foi est utilitariste. La religion est obligée de prendre en charge la misère des pauvres et les be­soins spirituels des riches. La foi n'habite pas les églises, les pagodes. Ces édi­fices posent l'hypothèse de la foi. Pour moi, Dieu se trouve dans les hauteurs et Bouddha dans les pro­fondeurs. Sur ma terre natale, je rencontrais souvent, sous le soleil éblouissant des tropi­ques, des pagodes enfouies dans la verdure. C'était des yeux profonds qui ne lançaient au­cune lumière sur le monde à travers leurs sourcils ténébreux. Passé la barrière des arbres, dans la fraîcheur sublime des ombres, la porte ouverte d'une pagode figeait mes pas, me forçait à m'arrêter pour m'habituer à l'ombre, à l'air humide et frais qui m'entourait. Là s'ouvrait la voie qui mène au coeur de la terre.

Le moment approche, où je dois passer l'ultime visite médicale. Je pense à ma chemise, mes souliers, même fabri­qués dans des matériaux peu résistants, ils me survivront... et les larmes me viennent aux yeux. Mais il ne faut jamais regarder en arrière. Le courage, la force, pour la première fois, je les trouve au seuil de la mort. A quoi bon nettoyer les len­tilles accrochées à mon corps? Déjà, je suis étalé, translucide, sur le couvercle du cercueil. Oh, médecin! voici le premier et le dernier des voyages, je suis seul, aucune main n'ac­compagne mon départ d'un au revoir, il n'y a per­sonne pour partager les prières que je me prépare à faire. Mon corps est jeune encore, mes mains, mes jambes peu­vent encore servir, si seulement ils pouvaient vivre avec un coeur sain. Je peux surmonter toutes les peines. Mais mon coeur indolent refuse d'irriguer le sang vers mes poumons, comme si quelqu'un me serrait la gorge, la broyait, m'étranglait. Il ignore mes jambes, mes mains exténuées. Il grappille goutte à goutte le sang qui afflue vers mon corps. Il me guette, il me frappe juste aux moments où j'ai le plus besoin de mes forces. Il a dégénéré avant l'âge. Il s'est pourri à la naissance. Il ne s'est jamais donné la chance de mûrir. Il ne mérite pas de survivre, d'être soigné. Ne vous donnez pas cette peine. Je refuse qu'on le remplace, ce se­rait pro­longer mon martyre, et je n'ai pas les moyens de payer. Mais, s'il vous plaît, sauvez mes mains, mes jambes. Elles méritent de vivre. Mes mains savent travailler, tenir un marteau, tirer un cerf-volant, chanter comme des feuilles dans le vent. Mes jambes savent soutenir ceux que des acci­dents ont renversés, elles savent se dresser comme il faut pour les main­tenir debout sur cette terre. La médecine a réalisé tant de miracles, elle achète le sang des uns, elle le revend aux autres, elle doit, par humanité, acheter mes membres.

Et toi, mon coeur, un dernier effort, que je puisse supporter cette dernière opération. Il n'y a pas d'autre choix, tu as reçu le sang de ma mère et tu n'as encore rien remboursé... J'ai senti mon coeur bondir, haleter, le sang envahir mes yeux. J'ai vu les quatre soleils dans les quatre carreaux de la fenêtre s'embraser. J'ai senti le bloc de sang coagulé dans ma poitrine se briser en miettes palpitantes. J'ai senti le sang submerger mes artères, m'entraîner loin, toujours plus loin de maman.  Lentement, elle se pétrifiait, ma mère, l'Attente du Fils3.

Hanoi, 6-1990

Trân Trung Chinh

Traduit du vietnamien par Phan Huy Duong

1. Vôi: thé des pauvres, décoction de feuilles de vôi.

2. Nouvel an du calendrier lunaire.

3. Allusion à une légende vietnamienne, la statue de l'At­tente du mari, où une femme, son bébé dans les bras, s'est transformée en statue sur une montagne à force d'at­tendre le retour de son mari.