Et Fillon sauva la France de la banqueroute
Continuons de rigoler
Souvenez-vous des années Hollande, l'inénarrable ennemi de la finance ? Sitôt élu, notre matamore lança sa grande politique économique de gauche sur la base du rapport Gallois sur la compétitivité de l’industrie française, rapport reprenant quasiment toutes les exigences du MEDEF de l'époque.
Pour aboutir aux résultats mirifiques ci-après (voir le détail en annexe) :
40 milliards d’euros d’allégements de cotisations et d’impôts pour les entreprises
Les profits augmentent mais pas l’investissement [Dieu de Dieu, où ont-ils donc foutu le camp ? !!! ]
...mais aussi des hausses de salaires
La compétitivité industrielle ne s’améliore pas
La balance commerciale des produits manufacturés se dégrade
"Résultat : la production industrielle ne s’est pas redressée, les exportations n’ont pas progressé et le solde commercial des produits manufacturés a continué à se dégrader."
"Au final, le pacte de responsabilité aura donc été une politique très coûteuse pour des effets de long terme qui restent très incertains."
Quant au chômage, chut ! mollo-mollo !
Et dire que Hollande, énarque bon teint, a enseigné l'économie à l'Institut des Études Politiques de Paris !
L'auteur de l'article s'est même fendu d'une remarque perfide à propos de cette politique économique : "Cela avait déjà été le cas au milieu des années 1980…"
Cette politique économique n'a pas marché depuis les années 80. Elle échoue de nouveau sous Hollande en 2012. Raison de plus pour en remettre une couche et, ce coup-ci, pas d'hésitation, pas de faiblesse, on met le paquet. Telle est la profession de foi de M. François Fillon, le M. Propre de la course présidentielle.
Voilà ce que cela donne :
https://www.toutsurmesfinances.com/argent/a/pouvoir-d-achat-le-programme-de-fillon-pour-2017
Extrait :
"Allègement des charges pour les entreprises (charges patronales et impôts sur la masse salariale) à hauteur de 40 milliards d’euros"
Comme Hollande !
Extraits
Déficits budgétaire = 4.7% du PIB = l'État s'endette davantage auprès des "marchés" qui feront "confiance" à ses beaux yeux.
TVA = 22% (+ 2%) = tous les consommateurs, du SDF ou smicard au milliardaire, paieront 2% plus cher le moindre bout de pain. Quelle égalitaire austérité !
Fin des 35 heures = travailler plus pour ne pas gagner plus.
Retraite à 65 ans = travailler plus longtemps, ou chômer plus longtemps avec toujours moins d'allocation ?
Suppression de 500 000 fonctionnaires = plus de retraités, plus de préretraités, plus de chômeurs ( ? ), plus de boulot sans contrepartie pour ceux qui restent.
Suppression de l’ISF = les plus "riches" méritent de vivre mieux.
Plafonnement de l'impôt sur les revenus du capital = 30%, avec promesse de faire encore mieux. C'est le capital qui crée les emplois, non ? Hè hè.
Fin de l'alignement de la fiscalité des revenus du Travail et de ceux du Capital
Refonte du code du travail ou réforme de l’Assurance-maladie… : vous allez voir ce que vous allez voir !
Et pour consoler le bon peuple salarié mais fainéant :
La principale mesure « sociale » annoncée par M. Fillon consiste en un allégement forfaitaire des cotisations sociales salariales, qui a été déterminé à 350 euros par an et par salarié (environ 30 euros par mois). […] Le coût de la mesure est évalué à 7,7 milliards d’euros. « L’État compensera intégralement le manque à gagner », assure un conseiller. (C'est moi qui souligne).
E tutti quanti.
Grosso modo :
- on s'endette davantage auprès des marchés financiers
- on ratisse les poches de tous les consommateurs
- on vide les caisses de la Sécu et autres bagatelles de l'État-Providence
- on engraisse le capital
- on presse le citron salarié, y compris chômeur ou retraité, de tous les côtés, sous tous les angles
Et dans 5 ans, ô miracle, le budget de l'État parviendra à l'équilibre ! Nous retrouverons le meilleur des mondes au milieu des affres de la mondialisation. Il faut s'attendre à tout, en économie !
Cela vous étonne ? Pauvre ignorant. Allez-vous faire recycler dans un cours de science économie ! Il s'agit d'une politique économique novatrice qui, pour relancer la sacro-sainte "croissance" (de quoi ?), allie subtilement la politique de relance par la demande (vieille lune keynésienne) et la politique de relance par l'offre ("nouvelle" lune néolibérale). En clair :
En donnant à chaque salarié et chômeur inscrit à Pôle Emploi 0.96€ par jour, on va booster la demande. Oui, oui.
L'allègement des charges pour les entreprises combiné à l'explosion de la demande vont booster les investissements. Conséquence : les entreprises vont créer des emplois. Ce qui va rebooster la demande. Et arrondir le fonds de commerce de l'État. E tutti quanti. En théorie économique, on appelle ce machin un cycle vertueux. Il résoudra d'un tour de quinquennat tout le problème sociaux-économiques de la France face à la mondialisation.
Parfois, j'ai envie de faire un tour sur la lune, pas la vieille, ni la jeune, celle de Cyrano de Bergerac.
Voici une vue semi-mini-panoramique que les médias ayant pignon sur rue ne vous donneront jamais :
RETROUVER LES ERREURS VIEILLES DE 40 ANS
ANNEXES
1/ PIB 2016€, estimation : http://www.journaldunet.com/economie/magazine/1040948-pib-de-la-france/#montant-pib/
2/ Revue : Alternatives économiques
Le texte suivant est recopié de :
http://www.alternatives-economiques.fr/pacte-de-responsabilite-raisons-de-lechec/00012271
Les soulignements en jaune sont de mon fait.
BILAN
Pacte de responsabilité : les raisons de l’échec
GUILLAUME DUVAL ET MARC CHEVALLIER 29/09/2016
Jeudi 29 septembre, France Stratégie, organisme d’expertise placé auprès du Premier ministre, a présenté la quatrième édition du rapport du comité de suivi sur le crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice). Outil phare de la politique économique du quinquennat de François Hollande, le Cice avait été lancé dès l’automne 2012, quelques mois après son arrivée au pouvoir, suite à la publication du rapport Gallois sur la compétitivité de l’industrie française. Le président de la République avait doublé la mise un an après avec ce qu’on a appelé le pacte de responsabilité et la promesse faite aux entreprises d’alléger de 40 milliards d’euros leurs cotisations et leurs impôts par an, soit quasiment deux points de produit intérieur brut (PIB). Depuis, le programme est tenu et les fameux 40 milliards d’euros devraient être atteints l’an prochain.
40 milliards d’euros d’allégements de cotisations et d’impôts pour les entreprises
Le comité de suivi du Cice reconnaît dans son rapport 2016 qu’à fin 2014, dernière année pour laquelle il a pu collecter et exploiter des données individuelles d’entreprises, il n’y avait « pas d’effet observable sur l’investissement, la recherche et développement (R&D) et les exportations ».
Tout en prenant soin de préciser que de les effets de cette politique de l’offre ne pourraient être observés « qu’à un horizon de quelques années ». Sur le front de l’emploi, « de l’ordre de 50 000 à 100 000 emplois [auraient été] créés ou sauvegardés sur la période 2013-2014 » grâce au Cice, avance le comité de suivi, qui souligne néanmoins les « incertitudes » entourant une telle évaluation.
Pourtant, grâce au Cice et au pacte de responsabilité, le but premier de cette politique a été atteint : les marges des entreprises ont significativement augmenté. Mais alors que le gouvernement espérait que les entreprises utiliseraient ces marges retrouvées pour investir – condition sine qua non pour monter en gamme et retrouver de la compétitivité –, il n’en a rien été jusqu’ici, comme le montrent également, cette fois au plan macroéconomique, les statistiques de l’Insee.
Cela avait déjà été le cas au milieu des années 1980, lors du spectaculaire redressement des marges des entreprises opéré à ce moment-là : en fait, la dynamique de l’investissement ne dépend pas en premier lieu de celle des profits, mais de la vigueur de la demande !
Les profits augmentent mais pas l’investissement
Même s’il est difficile de faire la part des effets de la politique monétaire de la Banque centrale européenne, de la baisse du prix du pétrole et du pacte de responsabilité, on constate cependant que l’emploi marchand repart un peu. Sa hausse reste toutefois limitée, deux fois plus faible qu’avant la crise. Parce que, parallèlement, la baisse des dépenses publiques et le ralentissement des hausses de salaires ont limité le pouvoir d’achat des ménages et la consommation. C’est donc bien l’insuffisance de la demande qui explique que les entreprises n’investissent pas malgré la hausse de leurs marges.
...mais aussi des hausses de salaires
Mais c’est surtout en termes de compétitivité extérieure que le pacte de responsabilité est un échec. D’une part, pour des raisons électoralistes compréhensibles, les entreprises des secteurs non exposés à la concurrence internationale ont bénéficié elles aussi massivement des baisses de cotisations sociales, car elles concentrent les emplois à bas salaires, diminuant d’autant l’avantage pour celles opérant sur un marché mondialisé.
D’autre part, comme nos voisins, notamment italiens et espagnols, pratiquaient eux aussi exactement la même politique déflationniste de baisse du coût du travail, l’avantage relatif tiré par l’économie française a été quasiment nul.
L'Italie et l'Espagne eux aussi baissent les cotisations sociales
Résultat : la production industrielle ne s’est pas redressée, les exportations n’ont pas progressé et le solde commercial des produits manufacturés a continué à se dégrader.
La compétitivité industrielle ne s’améliore pas
La balance commerciale des produits manufacturés se dégrade
Au final, le pacte de responsabilité aura donc été une politique très coûteuse pour des effets de long terme qui restent très incertains.