Gilets Jaunes à lire
« Le concret est concret parce qu’il est la synthèse de multiples déterminations, donc unité de la diversité. C’est pourquoi il apparaît dans la pensée comme procès de synthèse, comme résultat, non comme point de départ, bien qu’il soit le véritable point de départ et par suite également le point de départ de la vue immédiate et de la représentation. La première démarche – celle qui part d’un concret pour le réduire à des abstractions simples sans pouvoir dépasser le niveau de rapports généraux – a réduit la plénitude de la représentation à une détermination abstraite; avec la seconde, les déterminations abstraites conduisent à la reproduction du concret par les voies de la pensée »
Karl Marx
https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2002-2-page-311.htm
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Les ronds-points de la colère
Nguyễn Quang
https://www.diendan.org/the-gioi/gilets-jaunes-les-ronds-points-de-la-colere
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Ce texte est dans son ensemble excellent. Il donne à voir les multiples déterminations de phénomènes concrets à première vue iconoclastes, d'aucuns diront contradictoires. Il donne à réfléchir, autrement.
>> Cette révolte polyphonique était certes nouvelle dans la forme, mais sans idée directrice ni projection vers l’avenir. On n’avance pas sans donner ni de direction ni de sens.
** Exact. C'est une révolte et non une révolution.
« Mais c’est une révolte ? — Non, Sire, c’est une révolution ! »
Réponse du duc de LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT (1747-1827), à LOUIS XVI (1754-1793), réveillé le soir du 14 juillet, à Versailles
En ces temps-là, il pouvait y avoir une idée directrice et une projection vers l'avenir : l'avènement de la bourgeoisie, adossé au mode de production le plus efficace qu'a connu l'humanité et habillé avec les idéaux des Lumières.
Actuellement, ce n'est pas possible, sur tous les plans : politique, économique, idéologique, intellectuel, culturel, e tutti quanti. À tous les niveaux : local, national, internationale. Partout, l'impasse.
C'est ce qu'on appelle très précisément une crise de civilisation.
>> La colère des Gilets Jaunes vient de loin, mais elle s’attaque seulement aux symptômes, pas aux racines, qui sont celles d’une crise de civilisation.
** Totalement d'accord. Je l'ai évoquée ici même maintes fois dans divers textes à propos de divers phénomènes sociaux.
Mais, attention, de révoltes "anarchiques" en révoltes "anarchiques", tout aussi diverses et variées, et qui inéluctablement s'additionneront, tout le système finira un jour par s'effondrer.
Pour où dériver ?
D'ici là, beaucoup d'eau, voire de larmes, de sueur et de sang auront coulé sous les ponts.
>> Laurent Joffrin donne cet exemple hypothétique de « quadrature du RIC » : imaginons trois référendums successifs. Le premier propose une baisse d’impôts. Projet populaire s’il en est : il est adopté. Le second, de meilleurs services publics, financés par une hausse des dépenses. Projet populaire : adopté. Le troisième, une réduction du déficit. Projet populaire : adopté. Question subsidiaire : où trouver le financement ?
** D'ordinaire, je déteste et ignore ces jeux "intellectuels" de "logique formelle" étriquée, enfantins, débiles, abrutissants et, surtout, trompeurs. Mais, pour une fois, j'y vais :
** Réponse : là où il se trouve :
(grosso modo, car il y a des questions de dates) :
À comparer aux budgets de la République Française.
Dividendes CAC 40 |
Montant en milliards € |
Déficit |
% PIB |
Source |
2016 |
46,0 |
75,9 |
3.4 |
INSEE |
2017 |
44,3 |
59,3 |
2,6 |
INSEE |
2018 (+ rachat d'action) |
50,8 |
82,9 |
2,9 |
(1) |
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Budget_de_l%27%C3%89tat_fran%C3%A7ais_en_2018
Naturellement, le sujet est tabou.
Dès qu'on l'aborde, on tombe pieds-joints dans des contradictions fondamentales de notre époque. Entre :
1/ le CapitalFinancier / le PouvoirPolitique des État et les peuples.
Sur ce sujet, il faut aussi prendre en compte le service de toutes les dettes publiques, voire privées (par exemple aux États-Unis qui ont une longue tradition de vivre à crédits). Cf. Crise Grecque.
Depuis 40 ans, le leitmotiv est connu : pas d'avenir sans la confiance des marchés (sous-entendu financiers). Curieux qu'on ne l'entende plus ces derniers temps depuis que le pouvoir politique hollandais puis macronien a conquis cette confiance au point d'être applaudi et soutenu par le Medef.
2/ le Capital-Propriété et les capitalistes fonctionnels.
Exemples. Les propriétaires des entreprises du CAC 40 sont à 50% des Étrangers (non français, sans connotation raciste). Les créanciers de la dette publique itou et peut-être en proportion encore plus importante. Ces bonnes gens se foutent de la situation sociale en France. En accordant "à tort et à travers" des augmentations de salaires et des primes, les grands capitalistes fonctionnels gaulois, les grands patrons comme on dit, cherchent à sauver leur peau. Mais ce faisant, ils bafouent l'intérêt des propriétaires des capitaux et trahissent leur profession de foi maintes fois proclamée : ils sont là pour faire du profit et non du social ! De toute façon le CapitalFinancier est de fait et pour l'essentiel la propriété d'une masse de petits porteurs, volontaires ou obligés, sans nom, sans visage et sans pouvoir de décision, qui dans leur ensemble ne voit pas du tout quel rapport il y a entre leurs dividendes et la situation sociale en France. E tutti quanti…
Bon stop.
Tant qu'on ne connait du CapitalFinancier que le mot sans comprendre concrètement (la dialectique est l'analyse concrète d'une situation concrète !) ce que ce mot cache, pas la peine d'en discuter.
2018-12-30